Deux ans après sa première visite chez Terra Chocolata, Aristide Tchemthoua était de retour samedi 6 novembre à Verdun. L’occasion pour elle d’évoquer les avancées réalisées dans son village Camerounais depuis qu’il profite de l’accompagnement du Club des Chocolatiers Engagés dont Patrick Schoenecker fait partie.
Tout a commencé il y a cinq ans, quand Aristide décide de tenter un coup de poker en contactant un chocolatier français pour lui proposer ses fèves de cacao. « J’ai tout simplement tapé la requête « meilleurs chocolatiers de France » sur Google. Quand j’ai lu « A la reine Astrid » dans les résultats, j’y ai perçu un signe », se souvient Aristide. C’est ainsi qu’elle décide de contacter Christophe Bertrand pour lui proposer ses fèves. Celui-ci accepte de lui commander 200 kg à la condition de ne les régler qu’une fois réceptionnés. Ce qui pousse la jeune femme à s’endetter fortement pour trouver la somme nécessaire à l’acheminement de ces 200 kg. Une audace largement récompensée puisque non seulement Christophe Bertrand réglera les fèves comme il s’y était engagé, mais une fois sa curiosité piquée, il décide de se rendre sur les cultures d’Aristide au Cameroun.
Un soutien logistique et technique
Et c’est là que tout à commencé à basculer pour Aristide et les habitants de Nkog Ekogo. Impressionné par la végétation et la terre fertile qu’il y découvre, le chocolatier est aussi consterné de voir à quel point les méthodes de culture y sont inadaptées. Il décide alors de monter une confédération de chocolatiers pour apporter un soutien logistique au village et mettre en place des process de culture plus vertueux. « Les nouvelles techniques de culture et de conservation mises en place allaient permettre aux cacaotiers d’augmenter à la fois le rendement de leur culture et la qualité des fèves. Une partie du chocolat cultivé à Nkog Ekogo aujourd’hui peut être revendu bien plus cher aux chocolatiers qu’il ne l’était jusque là à l’industrie », poursuit Patrick Schoenecker, qui a participé à la deuxième expédition avec les membres du Club des Chocolatiers Engagés.
Samedi 6 novembre, Aristide était de retour à Verdun avant de poursuivre sa visite des chocolatiers français. Tournée qui se termine par le salon du chocolat de Vannes mi-novembre. A chaque étape de son parcours, elle raconte les transformations matérielles, sociales et culturelles qu’a connu son village depuis que le Club des Chocolatiers Engagés est intervenu. Une coopérative réunissant une centaine de membres s’est constituée. Le village est désormais en capacité de produire un cacao d’excellence qu’il destine principalement aux chocolatiers éco-responsables et impliqués dans le développement durable. « Les jeunes qui fuyaient le village reviennent avec de l’espoir pour leur avenir », se réjouit-elle. « Ils viennent se former à la culture des fèves de cacao en y voyant désormais un symbole de prospérité. » Ce qui constitue sans doute pour Patrick Schoenecker la plus belle preuve de réussite : « rien n’est pire que de ne pas avoir d’avenir à offrir à ses enfants ». C’est ainsi que le Club de Chocolatiers Engagés, ambitionne désormais de prolonger son action dans d’autres pays tels que le Togo, la Tanzanie, le Bénin et la Colombie.