Le Président de la CAPEB Meuse n’y est pas allé par quatre chemins lors de l’Assemblée Générale du 7 juin, accusant la politique actuellement menée de mettre en difficulté voire en péril les 3 millions d’actifs que représente l’artisanat en France aujourd’hui.
Dominique Gaspar, Président de la CAPEB Meuse a dressé un portrait assez alarmiste de la situation du bâtiment en préambule de son intervention. Après une année 2018 qui a vu un ralentissement de la croissance de l’activité des entreprises du bâtiment, les choses n’ont depuis fait qu’empirer, au point que l’année 2019 s’annonce plus qu’incertaine pour nombre d’entre elles. « Pour la Meuse on relève que seulement 200 logements ont été mis en chantier à fin mars 2019, contre 308 fin janvier 2018. Soit une baisse de 65% », s’est-il inquiété. De façon plus générale, les perspectives nationales sur les carnets de commandes fl uctueraient à la baisse et les artisans auraient aujourd’hui 75 jours de travail devant eux, soit 9 jours de moins qu’un an auparavant.
Charge administrative, poids de la fiscalité et concurrence déloyale
C’est directement vers le gouvernement et ses représentants présents à sa tribune que Dominique Gaspar a orienté sa grogne. « La question des charges, le poids de la fiscalité, l’environnement économique, la concurrence déloyale, sont autant de sujets d’inquiétude », a-t-il résumé, avant de revenir sur le mouvement des « Gilets Jaunes » qui témoignerait d’une totale absence d’écoute du gouvernement actuel, lequel a largement ignoré les corps intermédiaires et organisations professionnelles dont la CAPEB fait partie. « Pendant ce temps, les Femmes et les Hommes chefs de nos entreprises artisanales se démènent quotidiennement comme ils peuvent pour faire face aux charges de toutes natures qui nous asphyxient », a-t-il rappelé. Une complexité administrative et fiscale qui promouvrait le chef d’entreprise comptable du Trésor sans aucune formation ni contrepartie financière. Autant d’obligations qui seraient un frein majeur aux initiatives, aux investissements et à l’emploi.
« Nous vivons les dernières heures de l’apprentissage »
Après avoir rappelé que l’apprentissage est une formidable solution pour lutter contre le chômage et que près de 80% des apprentis du bâtiment sont formés par les entreprises de moins de 11 salariés, Dominique Gaspar a déclaré que « nous vivons peut-être les dernières heures de cette fi lière de formation telle que nous la
connaissons depuis plus de 70 ans ». Une menace qui serait selon lui liée à l’ouverture de la négociation sur la formation professionnelle et l’apprentissage aux partenaires sociaux du BTP. « Sommes-nous condamnés à devenir de simples sous-traitants ou encore des micro-entreprises à la solde des grands groupes ? » a-t-il questionné.
Une pénurie de main-d’œuvre
Comme l’an dernier, le Président s’est aussi exprimé sur la pénurie de main-d’œuvre qualifiée qui pousse nombre d’entreprises à refuser des chantiers ou à renoncer à répondre à des appels d’offres. Tout cela alors que la Meuse enregistre 749 demandeurs d’emploi en catégorie A. « Si le système n’est pas efficace, il faut le changer. »
« Le gouvernement ne doit pas promouvoir une offre de prestataires privés »
Concernant l’offre de remplacement des chaudières à 1€, Dominique Gaspar a estimé que « c’est tout ce qu’il ne faut pas faire ! », dans la mesure où cela représente la promotion d’une offre contestable de prestataires privés avec un réel risque pour les ménages de voir surgir sur ce marché des pseudo-professionnels. Ce qui aurait de plus un impact désastreux sur l’image des vrais artisans. « La CAPEB ne peut agir seule. Vous, nos élus, vous les représentants de l’Etat, vous devez nous soutenir et nous aider à défendre et promouvoir ce bien commun qu’est notre artisanat », a-t-il conclu.