Après avoir terminé sur la troisième marche du podium du Rallye de Meuse le 19 mars dernier, Julien Gabriel se prépare à participer pour la première fois au Rallye de Lorraine fin mai. En espérant rééditer sa belle performance du rallye de Longwy où il s’était hissé à la seconde place.
S’il est des sports dont la pratique est aisée, réclamant des investissements très limités et soutenus par des clubs à tous les coins de rue, il en va tout autrement des sports mécaniques qui par leur exigence ne peuvent être pratiqués que par des amateurs réellement passionnés. Passion reçue comme héritage familial pour Julien Gabriel dont les parents formaient déjà une team de rallye, avec son père au pilotage et sa mère pour copilote. C’est ainsi que Julien a été mordu très vite par la passion des sports mécaniques à un âge où ses amis courraient après des ballons. C’est d’abord au karting, sport automobile le plus abordable, qu’il s’adonne à l’âge de 16 ans. De 1998 à 2015, il progresse rapidement, au point d’obtenir le titre de vice champion de France et de finir 7ème du championnat mondial. Résultats impressionnants qu’il doit en partie au soutien d’un père mécanicien, partageant sa passion en même temps qu’il préparait son karting, et aujourd’hui sa voiture de rallye.
Le virage du rallye
Malgré ses résultats brillants, Julien rêve de se mesurer à d’autres pilotes au volant d’une vraie voiture. Deux options s’offrent alors à lui : le rallye ou la gran tourisme. Pour des raisons principalement économiques, c’est la première option qu’il retient. Une fois sa Renault Clio RS de 190 chevaux achetée d’occasion (déjà préparée pour le rallye), il peut enfin se lancer sur les routes fermées de Meuse, Lorraine et de France, où il brigue d’emblée des places de podium aux championnats régionaux et nationaux. Mais contrairement au karting qui autorise un entraînement régulier pour se préparer aux compétitions, en rallye tout se joue le jour de la course. « On peut passer plusieurs mois sans piloter sa voiture et démarrer pied au plancher le jour J pour se lancer directement dans la course. Les repérages avec le copilote se font la veille au volant d’un véhicule de tourisme. Impossible de s’entraîner à l’avance. Les seuls moments où l’on pilote sa voiture, c’est durant les compétitions », explique Julien, qui ne cache pas sa frustration. Les véhicules de rallye n’étant pas homologués pour la conduite sur route, même les déplacements se font sur remorque. Frais de déplacements auxquels il faut ajouter la préparation du véhicule, l’entretien et les réparations. Ce qui fait du rallye une passion onéreuse que Julien pratique toutefois avec modération. Il s’est pour cela fixé un budget annuel raisonnable de 3000€. Budget qui pourrait rapidement être dépassé s’il ne bénéficiait pas du soutien de quelques partenaires locaux comme le garage Eve de Vigneulle, First Stop à Verdun, Dautel Industrie, Logisol, C.E.G.E ou le Crédit Agricole qui lui apportent un soutien technique, mécanique ou financier. Et malgré ça, une sortie de route pourrait rapidement le mettre hors jeu pour le reste de la saison.
Un sport exigeant
C’est là qu’intervient une autre des clés des sports mécaniques, et particulièrement du rallye : l’équilibre à trouver entre prise de risques et sécurité. Sans attaquer les virages, impossible de réussir une chronomètre assez bon pour se hisser sur le podium, mais trop de prise de risques peut conduire à une sortie de route aux lourdes conséquences, privant pilote et copilote d’une grosse partie de la saison, laquelle se résume déjà à une poignée de compétitions dans l’année. Trouver ce juste équilibre est d’ailleurs un travail d’équipe dont le copilote partage la responsabilité, et par conséquence le mérite de la performance. « Au moment de la reconnaissance, l’estimation des virages se fait à deux. Les indications données par le copilote sont cruciales, une simple erreur de prise de note pouvant nous conduire à l’accident », explique Julien, avant d’évoquer le souvenir encore amer d’une sortie de route au rallye de la Pleine, l’an dernier, qui lui avait valu une longue immobilisation de son véhicule.
« C’est ma drogue »
Malgré toutes les difficultés qu’il rencontre dans la pratique de ce sport exigeant, Julien Gabriel compte bien poursuivre sa progression en passant dans les catégories supérieures. « C’est ma drogue », admet ce passionné qui ne s’imagine pas ne plus pouvoir écraser l’accélérateur pour se battre avec le chronomètre..